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lundi 14 décembre 2015
Evil Heart
Bien que venant d'entrer au collège, Masaki est un garçon déjà marqué par la vie qui vit seul avec sa sœur ainée. Quelques années plus tôt, ce dernier, sa sœur et leur mère, ont dû subir la violence du grand -frère de Masaki. Par désespoir et pour protéger ses autres enfants, leur mère tente de tuer l’aîné de la famille en le poignardant. Aujourd'hui, la mère de Masaki est en prison et celui-ci ne redoute qu'une chose, c'est que son frère, toujours vivant, ne s'en prenne à elle le jour de sa libération. Au collège, Masaki va découvrir l'aïkido et verra dans cet art martial un moyen de défendre ses proches contre la violence de son frère. Cependant, Masaki, pour se protéger de cette violence excessive à laquelle il a été confronté, a lui-même développé un caractère d'une violence extrême, qui pourrait l'amener à suivre la même voie que son frere. Ce caractère qui domine sa vie, le freine dans son apprentissage de l'aïkido...
Evil Heart est un manga en six volumes, cinq sont déjà sortis en France. Il s'agit d'un manga d'arts martiaux, mais il ne s'agit pas d'un enchaînement de combats dont le simple but est de devenir le plus fort. Pour Masaki, l'aïkido est un réapprentissage positif de la vie : gérer son propre comportement violent, se remettre en question, ou encore apprendre à comprendre les autres... La pratique de l'art martial dans Evil Heart s'intéresse autant – si ce n'est davantage – à l'individu qui pratique qu'à l'art pratiqué. Par sa pratique martiale, Masaki va se faire de nouvelles connaissances. On touche là à un autre point fort du manga : la sœur de Masaki, son professeur canadien d'aïkido, sa partenaire d'entrainement...
L'entourage de Masaki joue un rôle très important dans la vie du jeune garçon. Les protagonistes du récit sont attachants et leur histoire fouillée. Bien que l'histoire soit centrée principalement sur notre jeune héros, on n'a pas pour autant l'impression que le monde tourne autour de lui. C'est un élément important, car une des thématiques du manga est l'ouverture du héros au monde qui l'entoure.
Le manga ne possède pas beaucoup de défauts : quelques situations extrêmes pour rythmer le récit que je ne trouve pas nécessaires, mais c'est tout. Cependant, comme je suis sous le charme, je manque peut-être d'objectivité.
Pour l'aspect graphique, les dessins sont clairs, nets et généralement précis (certaines phases humoristiques manquent un peu de détails). On ressent bien les émotions des personnages et les cases où l'aïkido est à l'honneur sont compréhensibles et superbes à regarder. Je ne connais rien à l'aïkido mais en tant que pratiquant d'arts martiaux, Evil Heart m'a parlé. Je pense cependant que même sans pratiquer un art martial, les thèmes abordés par le manga peuvent toucher beaucoup de monde. Six volumes, cela peut faire craindre que la série ne soit trop courte, mais le récit est parfaitement maîtrisé et touchant. Cinq volumes bien faits peuvent parfois impliquer bien plus le lecteur qu'une trentaine de volumes d'une histoire qui s'étale un peu trop. C'est le cas d'Evil Heart, une série courte mais de qualité dont j'attends avec hâte le dernier volume.
mercredi 9 décembre 2015
Arrietty
source: Cinécoulisses
Cela fait un moment que j'attendais Arrietty, les quelques images que j'avais vues du film ainsi que son contexte m'ayant fait forte impression. Si le film aborde une thématique, c'est bien celle du premier amour et de ce qu'il implique.
On ne sait pas à quel point les deux protagonistes sont attachés l'un à l'autre, on se doute bien qu'il y a au moins une ébauche de sentiments amoureux entre Arrietty et Shô, mais est-ce un attachement profond ou de l'amour? En fait ce n'est pas si important, ce qui l'est, c'est que grâce à cette relation, nos deux héros vont pour la première fois devoir s'ouvrir à une autre personne avec tout ce que cela implique d'évolution personnelle.
Dans Arrietty, la première fois est donc vectrice d'évolution personnelle et de passage à l'âge adulte. La narration dans Arrietty est calme et posée, pas de rebondissement inutile, pour autant, je n'ai pas vu le temps passer tant les événements importants sont bien amenés. L'histoire se déroule dans une maison à la campagne (ou une banlieue éloignée peut-être) et son rythme ne dément pas ce fait. D'une manière générale, Arrietty est sublime, les couleurs sont chatoyantes et l'univers (ou devrais-je dire, la maison et son jardin) est crédible et visiblement, mûrement réfléchi. Comme Arrietty est un tout petit être, la maison nous est souvent représentée depuis son point de vue, elle parait alors immense tout en étant pleine de détails. Ce soin des détails m'a donné l'impression que la maison était elle-même un personnage de l'histoire.
Je dois d'ailleurs dire que les bruitages sont sublimes et contribuent énormément à nous plonger dans l'ambiance : la lourdeur des gouttes d'eaux qui tombent, l'imposant bruissement des tissus, et d'une manière générale, tous les bruits d'une vieille maison amplifiés de manière magistrale et qui nous donnent l'impression d'être nous même de tout petits êtres. La musique, si elle est très bonne, en particulier les thèmes chantés, peut être amenée de façon un peu trop abrupte ; c'est d'ailleurs le seul bémol que j'ai à émettre sur ce film d'animation que j'ai adoré et qui m'a captivé.
mardi 1 décembre 2015
Treme
Treme nous propose de suivre le
quotidien des habitants de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, la
série commence trois mois après l'ouragan. Inutile de s’attarder
sur les ravages causés par le cataclysme, qui, on le sait, ont été
terribles.
Une grande partie des habitants de la
ville essaie tant bien que mal de retrouver sa vie d'avant, mais les
difficultés sont nombreuses, surtout pour ceux de la classe
populaires.
L’ouragan a redistribué les cartes
mais comment ?
Les administrations sont dépassées et
de toute manière pour les élites de la ville, Katrina semble être
davantage une occasion qu'un désastre.
L'occasion de se débarrasser d'une
population pauvre en grande partie afro américaine.
L’occasion d’effacer du paysage
tous ces bars et clubs dont le bruit et les habitués empêchaient
depuis si longtemps le changement de standing de certains quartiers.
L'occasion de s’approprier la ville
au détriment de ceux qui y vivent, de son âme et de son histoire.
La série se concentre donc sur
quelques habitants, tous ont subi les conséquences de l'ouragan ou y
sont actuellement confrontés.
Musiciens, chef de cuisine, avocate,
chef indien...
Un panel qui se veut représentatif des
différentes classes sociales de la cité mais aussi de sa culture.
Treme veut autant nous faire découvrir
les déboires des habitants de la Nouvelle-Orléans, que leur
héritage culturel.
Pour ce faire, David Simon procède
d'une manière différente que dans son autre série culte : The
Wire.
Dans cette dernière, le scénariste
procède à une critique sociale rigoureuse de Baltimore.
Dans cette description presque parfaite
(la saison trois était un peu trop romancée), le quotidien des
personnages de la série s’intègre parfaitement au récit. Leurs
histoires sont passionnantes mais il faut absolument assimiler le
fonctionnement de la ville.
Dans Treme, c'est le quotidien des
personnage qui permet de comprendre la situation et la richesse
culturelle de la ville. Un parti pris scénaristique totalement
différent de celui de The Wire mais à l'objectif équivalent.
Le but était certainement de rendre la
série plus accessible, et ça se tient. Faire une série qui s’étale
sur plusieurs saisons si elle ne touche qu'un public de passionnés
ou de critiques a un intérêt limité même si elle est diffusée
sur HBO (chaîne dont l'audience d'une série n'est pas forcement le
premier des critères). David Simon a donc probablement voulu rendre
sa série plus accessible.
De mon point de vue de passionné, je
suis un peu déçu, frustré que je suis de ne pas avoir mon second
The Wire.
D'un autre coté, je comprends ce choix
scénaristique et j'ai bien conscience que ce qui est un défaut pour
moi, qui suis sensible au travail de l'auteur, ne le sera pas
forcement pour quelqu'un d'autre.
J'ai ressenti la perte d'un effet
dramatique qui aurait pu donner une grande force au récit.
Faire le choix de l’accessibilité
est compréhensible mais on y perd en intensité de l'intrigue et
même en émotions.
Pour autant, si on occulte le spectre
de The Wire, Treme est une série formidable qui a ses qualités
propres :déjà pour ce qui est de la critique de la gestion des
conséquence de l'ouragan par les différentes administrations, le
contrat est rempli et le constat est cinglant.
La découverte de la culture de la
Nouvelle-Orléans est aussi une réussite. Les différentes scènes
musicales de la ville sont représentées, avec une dominance de
jazz, de musique cajun ou de fanfares.
La cuisine a elle aussi une place
importante, on aime manger à la Nouvelle-Orléans et la série nous
le fait savoir.
Pour ces deux arts, de nombreux
artistes et chefs ont fait un passage dans la série pour y jouer
leur propre rôle. Pour un connaisseur en jazz ou en cuisine, ça
doit être un vrai plaisir j'imagine.
J'imagine car je n'y connais rien, que
cela soit en musique ou en cuisine et je ne peux donc pas m'attarder
sur ces deux domaines.
Par contre, tout néophyte que je suis,
je peux dire que j'ai découvert et ressenti quelque chose de fort,
surtout musicalement.
Je me suis retrouvé plongé dans cette
atmosphère de fête. J'ai ressenti que pour les habitants de la
ville, cela signifiait quelque chose.
Et j'en viens à d'autres grands
événements qui rythment tous les ans et pendant plusieurs jours la
vie de la cité : le mardi gras et son carnaval qui est à
chaque édition un moment dont on nous fait ressentir l'importance,
et cela avec beaucoup d’efficacité et d’intensité.
Enfin le dernier point fort de Treme
c'est ses personnages : tous sont simplement et terriblement
humains. Leur quotidien se veut un peu romancé mais juste ce qui est
nécessaire pour attirer l'attention du téléspectateur (la happer
aurais-je envie de dire).
Toutes ces raisons font que Treme est
une grande série, une série dans l'ombre de The Wire, sa grande
sœur, mais qui malgré tout possède ses qualités propres avec un
propos et une histoire forte
Je vous conseille fortement Treme :
déjà pour son propos mais aussi car découvrir et s’attacher à
une ville et ses habitants qui sont de l'autre coté de l'Océan, le
tout devant votre écran ça vaut le coup d'essayer à mon avis !
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