mercredi 9 septembre 2015

Ikigami


Ce manga-là, je n'étais vraiment pas partant pour le lire. Le pitch de départ ne me donnait vraiment pas envie :

Dans un Japon alternatif et sous régime totalitaire, tous les enfants reçoivent la vaccination de prospérité nationale. Un vaccin sur mille contient une microcapsule qui, à une date précise, déclenchera la mort du porteur entre ses 18 et 24 ans. Le condamné reçoit 24h avant l'instant fatidique la visite d'un fonctionnaire qui lui apporte l'ikigami, son préavis de mort.

Pour moi, le thème de personnes qui doivent appréhender leur vie avec l'inéluctabilité d'une mort imminente me faisait craindre une espèce de phénomène "et si". Et si tu étais abandonné sur une ile déserte? Et si un doberman en rut abusait de toi? Et s'il ne te restait que 24 heures à vivre ? Bref, à tort, je ne voyais pas la pertinence du propos. Finalement, je me suis bien fourvoyé et en lisant Ikigami préavis de mort, je me suis pris une bonne grosse claque dans la figure.

L'Ikigami est censé amener la population japonaise à s'interroger sur la valeur de la vie, c'est du moins la version officielle de la raison d'être du programme de "sauvegarde de la prospérité nationale". Sans en dire trop sur le véritable but de cette loi, cette dernière est en fait un moyen de contrôler totalement le peuple.

La narration du manga se compose en 2 phases :

- Celle où on suit les dernières heures des condamnés. Ces derniers sont autant de visions différentes de la société japonaise, des visions exacerbées par une dernière étincelle de vie qui, de manière pas toujours prévue par le gouvernement, contribue à faire changer les choses.

- La seconde phase se concentre sur le fonctionnaire chargé de donner l'ikigami, on y suit toujours le même individu, monsieur Fujimoto. Celui ci remet les préavis de mort et s'occupe aussi du suivi des dossiers. De par ses confrontations avec les condamnés, celui-ci sera amené à réfléchir sur les conséquences et la raison d'être du système de "sauvegarde de la prospérité nationale". C'est par les états d'âmes de ce personnage et leurs conséquences que l'avancée de l'intrigue se verra le plus.

Que cela soit les rouages administratifs et judiciaires de ce Japon malsain ou la fin de vie de jeunes gens, tout sonne juste. Quand l'auteur nous parle du quotidien d'un danseur de hip-hop ou d'un jeune photographe, on sent qu'il s'est documenté tant leur vécu semble crédible.

Le scénario d'Ikigami préavis de mort impressionne, il est bien ficelé, fait réfléchir et l'intrigue monte en puissance de manière délectable.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire